Loi de finances 2020 : focus sur deux mesures phares relatives à la TVA

La directive européenne « Quick fixes », transposée en droit français par la loi de finances du 28 décembre 2019 modifie les conditions d’exonération de TVA pour les livraisons intra-communautaires et clarifie les règles relatives aux ventes en chaîne.

 

1. Livraisons intra-communautaires : deux nouvelles conditions d’exonération de TVA

 

Modifiant l’article 138 de la directive TVA, la directive UE/2018/1910 ajoute deux conditions pour l’exonération des livraisons intracommunautaires de biens.

 

Contexte

L’article 262 TER, I-1° DU CGI, prévoyait l’exonération de TVA pour des livraisons de biens expédiés ou transportés sur le territoire d’un autre État membre de l’Union européenne à destination d’un autre assujetti ou d’une personne morale non assujettie. L’exonération s’appliquait lorsque les quatre conditions suivantes étaient remplies :

L’exonération n’était, en revanche, pas subordonnée à la condition que l’acquéreur dispose d’un numéro d’identification à la TVA valable dans un autre État membre.

Adoptant une position moins stricte que la doctrine administrative, la CJUE a jugé, en effet, à plusieurs reprises que le numéro d’identification à la TVA de l’acquéreur n’était pas une condition de fond de l’exonération, mais seulement une condition formelle.

→ En pratique : lorsque cette condition n’était pas respectée, les États membres pouvaient seulement infliger des amendes ou des sanctions administratives mais ne pouvaient pas refuser l’exonération. Il en allait de même lorsque l’état récapitulatif (DEB en France), qui n’est qu’une obligation formelle, n’était pas souscrit ou mal renseigné.

 

Modifications apportées à l’article 262 ter du CGI

(L. de finances pour 2020, art. 34)

Afin de remédier à ces situations, la directive UE/2018/1910 du 4 décembre 2018 modifiant l’article 138 de la directive TVA, prévoit deux conditions supplémentaires pour l’exonération des livraisons intracommunautaires de biens.

          → En pratique : pour les livraisons dont le fait générateur intervient à compter du 1er janvier 2020, le fournisseur devra, d’une part, veiller à disposer systématiquement du numéro d’identification à la TVA du client au moment de la facturation et vérifier la validité de ce numéro dans la base VIES (« VAT Information Exchange System ») et, d’autre part, souscrire des DEB conformes.

 

2.    Ventes en chaîne : clarification des règles

 

Principe de base existant

Lorsque plusieurs livraisons successives portant sur les mêmes biens sont effectuées à titre onéreux entre assujettis agissant en tant que tels et donnent lieu à une expédition ou un transport intracommunautaire unique, cette expédition ou ce transport ne peut être imputé qu’à une seule de ces livraisons, qui sera la seule exonérée en tant que livraison intracommunautaire.

→ En pratique : quelques clarifications étaient nécessaires… À compter du 1er janvier 2020, la détermination de l’opération à laquelle doit être imputé le transport ou l’expédition est réglée par l’article 36 bis de la directive TVA (issu de la directive 2018/1910 du 4 décembre 2018 et transposé par l’article 10 du projet de loi de finances pour 2020).

 

Cet article prévoit que :

L’exonération au titre de la livraison intracommunautaire bénéficie donc dans ce cas à la seule livraison effectuée par l’opérateur intermédiaire (cf. schéma, vente 2) si ce dernier a communiqué à son fournisseur le numéro d’identification TVA attribué par l’État membre de départ des biens. Les autres livraisons dans la chaîne sont alors en principe taxées.

Autres cas

 Lorsque l’expédition ou le transport des biens est effectué par le premier fournisseur ou le denier client (ou pour le compte), le dispositif prévu par l’article 36 bis ne s’applique pas.

Dans ces hypothèses, l’expédition ou le transport des biens est imputable :

 

Références
Mots clés : TVA, exonération, ventes en chaines
Auteur : Catherine Roussière, avocat à la Cour
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